The Swedish Dream

A l’heure où la France voit ses jeunes talents quitter le pays, le milieu des courses de chevaux n’est pas épargné. Le temps d’un week-end à Solvalla, j’ai rencontré des lads et apprentis expatriés en Suède. Confort, respect salarié/patron ou encore approche différente de l’entraînement. Pour l’heure, pas question pour eux de rentrer au pays !

Dans un article datant de 2014, Le Monde chiffre l’augmentation des Français expatriés à l’étranger de 3 à 4%, soit entre 60 000 et 80 000 départs annuels de l’Hexagone. La jeune génération rêve de voyage, de partir au-delà de nos frontières. De quelques mois à toute la vie. 28% des jeunes envisagent leur carrière à l’étranger selon un article du Figaro, rédigé en 2015. Le domaine hippique ne fait pas exception, au trot comme au galop.

« En France on a
pour habitude «d’envoyer la cam’ »

34117538_1864765466914188_2517055383273472000_n

Arthur Leportier et son cheval Love Dancer

L’exode n’est pas massif mais il existe bel et bien. A une heure au Nord de Stockholm, près du lac d’Erikssund, la “Team France” se retrouve après une journée de travail. Avec un bon CV et des passages notamment dans les établissements de Jean-Luc Dersoir, Christophe Gallier et Matthieu Abrivard, Arthur Leportier  est un “Suédois” depuis 4 ans. Le Français a eu le temps de constater les nombreuses différences entre les deux modèles. Tout d’abord, à l’entraînement.

“Les méthodes ne sont pas les mêmes. Les chevaux ayant beaucoup de sang américain possèdent déjà la vitesse, il faut donc les endurcir avec beaucoup plus de travail de fond en côte ou en ligne droite fouillante”.

Un point de vue partagé par Ruben Hoguin, au service de Svante Båth après 3 ans chez Thierry Duvaldestin.

“En Suède, ils cherchent plus à développer le fond. Pour eux, la vitesse c’est inné. La première fois que je me suis mis au sulky pour l’entraînement, on m’a dit « tu fais 8 lignes droites en 1’40 ,1’35 », ça m’a fait tout drôle. En France on a pour habitude « d’envoyer la cam’ » (sic)”.

« Tout est fait pour que
la vie Suédoise soit agréable »

13494997_10206005610210629_2626269325538252486_n

Kevin Gondet

Outre les méthodes d’entraînements, les conditions de travail sont assez opposées entre France et Suède. Après plusieurs expériences dans l’Hexagone (Christian Bigeon, écurie Mottier, Romain Larue) et hors de nos frontières (Robert Bergh, Claes Sjöström), Kévin Gondet est bien placé pour pouvoir témoigner sur l’ambiance qui règne dans les établissements Suédois.

“Le travail est fait à la cool. Il y a beaucoup moins de pression qu’en France. Nous sommes le nombre nécessaire de salariés. Là où je travaille, chez Claes Sjöström, nous avons tous nos week-ends. Lorsque je suis passé chez Robert Bergh, nous avions 100 chevaux à l’entraînement à cette période et nous étions 15 salariés !” 

Arthur Leportier va également dans ce sens.

“Ici, le respect du salarié est primordial. Par exemple, la veille de l’Elitloppet, mon patron Fredrik Larsson nous dit : « Allez faire la fête samedi soir, vous travaillez bien assez comme ça, je travaillerai dimanche moi même ! ». Un discours inimaginable en France !”

Dans n’importe quel domaine, l’argent reste le nerf de la guerre. Ce n’est pas le seul argument pris en compte par les apprentis interrogés, mais il fait forcément réfléchir. Kevin Gondet explique.

“Les charges patronales sont légèrement supérieures à la France. Néanmoins, il existe plusieurs primes en Suède pour le personnel. Lorsque tu conduis un camion pour aller à l’hippodrome, tu reçois une prime. Quand tu vas en tant que lad avec ton cheval les jours de courses, là aussi j’ai une prime.” 

A l’image de ses deux compatriotes, Ruben Hoguin ne regrette pas le mode de vie et de travail loin de son pays natal.

“Tout est fait pour que la vie Suédoise soit agréable. C’est un quotidien cool, les horaires aussi, les paies sont bonnes et le patron est de manière générale très arrangeant. En plus nous sommes très bien accueillis. Vivre en France, c’est plutôt dur et stressant.”

Le retour est-il impossible en France ?

Satisfaits chacun de leur côté de leur situation personnelle en Suède, les trois garçons gardent forcément la France dans un coin de leur tête. Mais un retour dans l’Hexagone est-il vraiment impossible ? Arthur Leportier a déjà son idée derrière la tête.

“Le jour où je reviendrais en France, je m’installerais entraîneur où prétendrais à une place de premier garçon dans une grande écurie. Hors de question en revenir en tant que salarié. L’argent est en France mais qui sait ce que nous réserve le futur”

Son de cloche différent pour Ruben Hoguin. A 24 ans, le garçon a accumulé les expériences dans les écuries de renoms et souhaiterait faire des comparaisons entre les deux modèles.

“Je pense retourner en France mais pas pour l’instant, j’ai encore trop de choses à voir en Suède. En cas de retour, j’aimerais pouvoir travailler chez Philippe Allaire, cela me permettrait d’évaluer les deux meilleurs entraîneurs de poulains pour moi, avec mon patron Svante Båth.” 

Catégories: Non classé

Tagged as:

Laisser un commentaire